Déclaration du Ministre des Affaires étrangères, M. Jean-Paul Adam, sur la situation en République Centrafricaine

Le gouvernement de la République des Seychelles suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation en République Centrafricaine.
Le gouvernement des Seychelles demeure préoccupé par la détérioration progressive de la situation qui y prévaut.
Le rapport présenté récemment au Conseil de sécurité des Nations Unies par le Secrétaire général adjoint, Jan Eliasson, décrit une situation sécuritaire très précaire, caractérisée par un effondrement total de la loi et l’ordre public, et des atteintes graves au droit international humanitaire.
Dans la foulée du renversement du gouvernement en mars 2013 par l’alliance des rebelles Séléka, le rapport dépeint les attaques et de terribles représailles entre les communautés qui ont pourtant longtemps vécu en paix. Il met en garde la communauté internationale contre la forte probabilité d’une guerre civile en République Centrafricaine qui pourrait menacer la sécurité et la stabilité régionales.
Le rapport indique que la quasi-totalité de la population – 4,6 millions de personnes – “endure une souffrance au-delà de l’imagination”, et un tiers de la population se trouve «dans le besoin urgent de nourriture, de protection, de soins de santé, d’eau, d’assainissement et de logement.”
Les exactions ainsi que les horribles violations continuelles contre la population civile perpétrées par les éléments de la Séléka et les groupes d’autodéfense “anti-Balaka”, représentent aux yeux du gouvernement des Seychelles et de l’ensemble de la communauté internationale, des actes abominables que nous condamnons avec la dernière énergie. Les auteurs et les commanditaires de ces actes horribles doivent être tenus comptables de leurs actes et traduits en justice.
La communauté internationale ne peut tout simplement rester indifférente et laisser l’histoire se répéter en laissant le sang couler impunément par son inaction. Elle ne peut se détourner de la situation et permettre une autre tragédie se produire encore, après que nous ayons déjà collectivement juré «plus jamais ça !»
Le gouvernement des Seychelles appelle donc la communauté internationale à explorer la gamme complète des options à sa disposition pour empêcher la République Centrafricaine de sombrer dans des affrontements intercommunautaires et confessionnels.
La condition essentielle de la démocratie est la paix et la sécurité.
Une réponse cohérente, claire, prévisible et multidimensionnelle s’avère donc nécessaire pour enrayer la situation sécuritaire très volatile qui prévaut actuellement en RCA et qui menace l’existence même de son peuple.
Le gouvernement des Seychelles a la ferme conviction que le principe de la responsabilité de protéger devrait être ici invoqué. Nous devons aller au-delà du seul soutien moral. Aucun effort et aucune ressource ne devraient être épargnés pour permettre à la MISCA (la Mission internationale de soutien à la Centrafrique) de s’acquitter efficacement de son mandat et, éventuellement, la transformer en une opération de maintien de la paix des Nations Unies, à déployer dans le pays.
Le gouvernement des Seychelles salue les efforts et les démarches entrepris à cet égard par le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union Africaine, la Représentante spéciale de la Présidente de la Commission sur la situation en RCA ainsi que les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) pour ramener la paix dans ce pays ravagé par des années de conflits et y accompagner une transition politique paisible et démocratique, gage de paix et de sécurité.
Le peuple Centrafricain aspire et mérite la paix et la démocratie.
La politique étrangère des Seychelles est ancrée dans les principes sacro-saints de la liberté, la démocratie, les droits humains et la primauté du droit. Et nous continuerons à apporter inlassablement notre soutien sans faille aux efforts régionaux, africains et internationaux pour construire la paix.